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LA RÉVOLUTION RUSSE

maximalistes, sont attendus à Pétrograd, venant d’Amérique par Vladivostok. Ce n’est pas cela qui va améliorer la situation.

Pour excuser les fautes du peuple, les chefs révolutionnaires ne cessent de nous rappeler « le funeste héritage du tsarisme ». Il se peut que les vices du peuple, son ignorance, son incompréhension des nécessités politiques, sa mauvaise loi dans tout ce qui touche à ses engagements d’honneur soient la conséquence des siècles d’oppression qu’il a subis. Mais les hommes conscients, éclairés, instruits, qui ont été ses guides, devaient savoir qu’on ne jette pas sans transition un peuple de l’absolue soumission à l’absolue liberté. L’exemple de la Révolution française a été le piège dans lequel plus d’un révolutionnaire est tombé. Quel parallèle établir entre la France, héritière des libertés romaines, révolutionnaire presque tout au long de son histoire ; obtenant des chartes avec les communes ; résistant au pouvoir absolu de l’Église, dès le temps de Philippe le Bel ; alliée au roi contre la féodalité ; ayant, depuis l’époque de Jacques Cœur, une bourgeoisie riche, puissante et lettrée, formée d’une population