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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

naisse que « l’autorité du gouvernement s’étend sur la ville de Cronstadt comme sur toute la Russie ». En vertu de cette déclaration, le gouvernement provisoire a fait procéder à une enquête sur le cas des officiers détenus dans les prisons de la forteresse.

Le résultat est navrant. La plupart des accusations portées contre les officiers reposent sur des témoignages d’inconnus et il a été impossible de les justifier. Plusieurs officiers furent jetés dans les casemates sur cette simple raison qu’ « ils portaient l’uniforme ». D’autres ont été arrêtés et enfermés « par erreur ». Tel est le cas du lieutenant Trétiakov. Lorsque cet officier parut devant la Commission d’enquête on crut d’abord avoir affaire à un vieillard. Il était pâle, avec des traits tirés et des yeux de démence. Or ce vieillard, cet accusé aux regards fous était un homme de vingt-trois ans. Arrêté aux premiers jours de la révolution, jeté en prison, il eut à endurer les pires souffrances sous la menace constante de la mort. Après deux semaines d’un pareil traitement le malheureux sombra dans la folie. Sa libération l’a laissé