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LA RÉVOLUTION RUSSE

l’amiral. Celui-ci comprit. Il revêtit son plus bel uniforme et suivit les matelots. En bas, devant la porte, il se heurta au corps d’un de ses officiers, assassiné… Où l’emmena-t-on ? Que se passa-t-il ? Le mystère règne encore sur ses derniers moments. Son corps fut retrouvé quelques jours plus tard au bord d’un marais, dans la campagne.

Le beau frère d’une danseuse, qui occupe l’appartement situé au-dessus du nôtre, a été quatorze fois menacé de mort ! Il a perdu la raison et il faut le conduire par la main, comme un enfant. Les matelots s’amusaient à « faire peur » aux officiers en courant après eux, comme s’ils allaient les saisir… D’autres fois, ils les obligeaient à marcher devant eux avec le poignard ou le revolver dans les reins. Plusieurs de ces malheureux sont devenus fous.

Les délégués des ouvriers et soldats se sont rendus à Cronstadt. C’est le jour de la Pentecôte. Il fait beau La navigation est agréable sur la Néva où les brises printanières courent en un frisselis léger. Du ciel bleu, des drapeaux rouges, des chants, quelques bourgeons qui pointent aux branches des arbres…