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LA RÉVOLUTION RUSSE

un homme, fût-il un inculpé, à des actes qui l’humilient dans sa dignité et font de lui un objet de mépris et de dérision.

20 mai/2 juin. — Les journaux s’occupent longuement de Gronstadt. Le Conseil semble pris de folie. Il demande que Nicolas II soit transféré dans cette ville avec toute sa famille et que l’Assemblée Constituante s’y réunisse. Quatre-vingts officiers languissent dans les cachots humides et remplis de vermine de la forteresse. Ils sont pour la plupart internés là depuis les premiers jours de la Révolution. À chaque instant des soldats grossiers entrent dans leurs cachots pour perquisitionner, les interpellent avec des formules injurieuses. La conduite des marins de la mer Baltique laissera une tache sur les plus beaux souvenirs de la Révolution russe. Ils ont renouvelé sur quelques-uns de leurs officiers des supplices oubliés depuis Jean le Terrible : tel celui des douches glacées, alternant avec l’emploi du feu jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’amiral Vérenn qui fut soumis à cette horrible torture était, dit-on, haï des marins pour sa sévérité brutale. D’autres, tels que les amiraux Népenine, Bogdanov, Guirz, auxquels