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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

entretien avec les ouvriers et essayer de rétablir l’ordre. L’insubordination règne tout le long des rives de la Baltique. Qu’adviendrait-il de nous si les Allemands s’avisaient d’y tenter une descente ? Les promesses, les serments des marins dHelsingfors à Kérensky sont-ils déjà oubliés ?…

Les matelots continuent à se livrer aux scènes les plus révoltantes. La Reitch du 14 mai raconte qu’à Réval, le capitaine de second rang, Véchitsky, ayant été arrêté, fut ramené à terre par des marins. Au moment de la descente et devant une énorme foule rassemblée, les matelots obligèrent l’officier à se chausser de laptis[1] et lui passèrent au cou une paire de ces mêmes sandales. Puis on le promena avec un balai à la main, à travers les rues de la ville, sous les quolibets et les railleries de la populace. L’Union des officiers, à laquelle se sont joints les ingénieurs et toute la population intellectuelle de la ville, a protesté contre un pareil traitement, disant qu’il était indigne d’un pays libre d’obliger

  1. Sandales de toile.