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LA RÉVOLUTION RUSSE

autour des principaux personnages du jour : la Babouchka révolouzi (la grand’mère de la Révolution), exilée pendant vingt-cinq ans dans les plaines glacées de la Sibérie ; Véra Figner, la prisonnière de Schlusselbourg ; Tchernov, ministre de l’Agriculture récemment revenu d’exil, apôtre inquiétant de la nationalisation de la terre ; d’autres encore que le public se montre et dont il redit les noms.

Les discours, et particulièrement celui de Kérensky, « venu avec une émotion jamais éprouvée devant ces hommes de la terre qui ont supporté les lourdes tâches et accompli ce qu’il y a en Russie de meilleur et de plus beau, » atteignent un pathétisme digne d’une chrestomatie des grands discours politiques de l’humanité contemporaine. On ne peut, sans en avoir été témoin, se faire une idée des flots d’éloquence qu’a fait couler cette révolution.

Mais l’éloquence ne serait qu’un vain bruit si elle ne déterminait les actes. C’est ce qu’a compris le Congrès qui se propose de faire avec le gouvernement, avec les ouvriers et les soldats, tout le nécessaire pour sauver les