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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

terre. » Lorsque les paysans russes, sous la capote grise du soldat, eurent franchi les Garpathes et descendirent vers les plaines hongroises, on en vit plusieurs se baisser, prendre un peu de cette terre dans le creux de la main, la soupeser, l’écraser doucement entre leurs doigts : « Ça, dirent-ils après un minutieux examen, c’est une bonne terre et qui vaut bien qu’on se batte pour elle ! »

— Comment travaille-t-on la terre chez toi ? se demandent-ils encore. À la charrue ou à la sakha ? (charrue plus profonde).

C’est que les procédés de culture sont restés très rudimentaires dans la majeure partie de l’empire russe. En ces dernières années cependant, sous la bienfaisante influence des Zemstvos (organisations communales), quelques améliorations y ont été apportées ; mais le paysan, routinier et ignorant, se montre rétif dans l’adoption de tout ce qui va à l’encontre de ses traditions et de ses habitudes. Aussi les terres russes rendent cinq fois moins que les terres occidentales, d’où la pauvreté du paysan. Il appartiendra, après la guerre, aux Conseils des paysans de s’unir aux Zemstvos pour 1 intensification des pro-