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LA RÉVOLUTION RUSSE

Chaque heure nous rapproche de l’inévitable : l’armée commence à prendre parti pour le peuple. Il n’y a plus que les gendarmes et la police dont le loyalisme soit assuré.

Partout la foule s’amasse en criant : Du pain ! du pain !

Des scènes d’un pathétisme grandiose se déroulent presque à chaque pas. Un bataillon du régiment de la garde Sémionowsky a reçu l’ordre de déblayer la Perspective Newsky. Il accourt et se heurte à un bataillon du régiment de Volhynski qui a embrassé la cause du peuple. Les deux régiments s’affrontent… un grand frisson agite la foule. Que va-t-il se passer ? Et tout à coup l’on assiste à cette chose extraordinaire : le vieil officier qui commandait les soldats de la Garde se dresse sur ses étriers et s’adressant à ses hommes : « Soldats, je ne puis vous ordonner de tirer sur vos frères, mais je suis trop vieux pour manquer à mon serment ! » Et, tirant son revolver il se tue. On a enveloppé son corps dans un drapeau et ses soldats se sont rangés du côté de la foule…


Pas un cri n’a été proféré contre la guerre