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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

révolution russe. Ce n’est pas sous la pression d’une pareille dictature que s’accomplissent les justes réformes, que s’élaborent les lois qui assurent la stabilité de l’avenir.

Une atmosphère de solennité presque religieuse règne dans le palais. On parle bas, on marche sur la pointe des pieds, comme si le moindre bruit extérieur devait troubler le travail de gestation qui s’accomplit derrière cette porte, strictement close, celle de la salle où siègent les Conseils. Cependant quelques nouvelles filtrent : Broussilov et Alexéielf sont là. Le premier a retiré sa démission ; le second recevra des pouvoirs plus étendus… Kérensky prend le portefeuille de la Guerre ; Tchernov, le fougueux publiciste du Diélo Naroda et Tsérételli — deux socialistes — acceptent de faire partie du gouvernement. On respire. Le ministère coalisé est en voie de réalisation. La crise redoutable est conjurée…

— Pour combien de temps ? demande un philosophe désabusé. Dans trois semaines ils en auront assez. Comme les ministres, aux prises avec les réalités, auront été contraints de faire quelques concessions, de s’adapter aux nécessités de la politique mondiale, on