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LA RÉVOLUTION RUSSE

deux jours de troubles : une petite mesure de pommes de terre qui valait 25 kopeks (0 fr. 60) avant la guerre, se vend aujourd’hui 5 roubles (10 francs) ! Impossible de trouver des œufs. Il y a des gens qui sont absolument sans pain !…


Samedi. — Les événements s’aggravent. Les journaux ne paraissent plus. Les ponts de la Néva sont gardés par des patrouilles ; les divers quartiers de la ville ne communiquent plus entre eux. On oblige tous les tramways à s’arrêter ; la foule en a jeté un dans la Néva, d’ailleurs encore recouverte d’une épaisse couche de glace. Des troubles sanglants ont eu lieu dans les quartiers populeux de la ville : à Petrogradskaïa-Stérana et à Vassiliewsky-Ostrow. Dans ce dernier, un praportchik a pénétré dans une usine dont les ouvriers avaient décrété la « grève italienne » (les bras croisés devant les machines) et a commandé une salve. Ses soldats se sont refusés à lui obéir. Alors, l’officier a tiré trois coups de revolver qui ont fait trois victimes : deux femmes et un ouvrier. La foule voulut le lyncher, mais il réussit à lui échapper… Un