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LA RÉVOLUTION RUSSE

vernement provisoire, le Comité exécutif du gouvernement et celui du Conseil sont réunis au Palais Marie pour s’entendre sur les noms.

Le Palais Marie ! Quels cadres fastueux la ville de Pierre le Grand offre à ces inoubliables scènes de la révolution russe : le Palais de Tauride, avec sa rotonde à coupole, son immense jardin, moutonnement de neige ou de verdure, suivant les saisons ; la place du Palais d’Hiver, — entourée de palais peints en ocre rouge comme du sang coagulé, — si vaste que 100 000 hommes suffisent à peine à remplir sa coupe arrondie ; le Champ de Mars où l’on pourrait bâtir une ville ; la Perspective Newsky, pareille à un fleuve rectiligne entre deux lacs, où coule incessamment, de la place de la gare Nicolas à celle de l’Amirauté, une foule plus houleuse que les vagues de la mer ; les quais de granit de la Néva, les plus beaux de l’Europe, au bord desquels s’accroupit la forteresse Pierre-et-Paul éternellement retentissante du hurlement de ses canons ou des gémissements de ses prisonniers !…

Du haut des marches du Palais Marie que je viens de gravir, mon regard embrasse l’es-