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LA RÉVOLUTION RUSSE

l’alcool[1], subit de nouveau de terribles fluctuations. On délaisse le travail ; la jeunesse villageoise s’adonne au jeu, chante des chansons obscènes et emploie toutes les ruses pour se procurer de l’alcool. Les déserteurs qui rentrent au village y apportent des ferments de désordre et de, démoralisation. La « houliganerie » qui avait presque disparu refleurit sous le prétexte de « partage des terres ». On saccage les foins, on brûle les jeunes pousses, parfois les habitants de deux villages voisins se jettent sur le même morceau de terre et finissent par en venir aux mains.

Près de Mtsensk, dans la Russie centrale, des soldats accompagnés de sous-officiers se présentèrent à la propriété de Mme Chéréméliev sous prétexte de rechercher les armes. Le personnel du domaine n’osa pas leur opposer de résistance et ils visitèrent la maison de fond on comble. Ayant trouvé du vin dans les caves, ils s’enivrèrent, et aussitôt le pillage commença. Les paysans des villages les plus proches accoururent pour se joindre à eux. La garnison de Mtsensk arriva aussi à la res-

  1. Voyez Revue des Deux Mondes, 1er janvier 1917.