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LA RÉVOLUTION RUSSE

ce qui a du bon sens, même parmi le simple peuple, proteste contre les tendances extrémistes. Des révolutionnaires, des intellectuels, des gens qui ont souffert pour le triomphe des idées libérales en sont aujourd’hui à dire :

— Que ne sommes-nous morts en exil ou au bagne ! Au moins nous aurions pu croire jusqu’au bout que notre sacrilice avait servi la cause de la liberté. Or voici que la liberté est venue, mais elle n’a abouti qu’à l’anarchie annonciatrice de la réaction.

Depuis deux ou trois semaines, on n’écoute plus la voix de ceux qui furent les grands apôtres de l’idée révolutionnaire. Impérialistes Rodzianko, Milioukov, Maklakov, les libéraux de la première heure qui forment aujourd’hui l’extrême droite de la Révolution ! Bourgeois, Plékhanov, Kropotkine, tous ceux qui ayant passé leur exil dans les pays libres comme la Suisse, la France ou l’Angleterre, en ont rapporté une saine conception de la liberté !

Le ministre socialiste belge M. Vandervelde, arrivé depuis quelques jours à Pétrograd, a prononcé dans la grande salle de la Douma de la ville un éloquent et émouvant discours qui fait le contrepoids aux dangereuses paroles