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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

Caucase. Les fenêtres de son appartement, tout proche, s’ouvrent sur les jardins encore dépouillés du Palais de Tauride. La neige tombe en rafales, tandis que chez nous, dans les jardins de France, tous les lilas doivent être en fleurs !…

Un des neveux de la princesse, élève d’une école militaire de Pskov, annonce que les Russes évacuent cette ville et transportent tout à Novgorod. Les mêmes mesures ont déjà été prises pour Réval. Allons-nous voir se lever les jours annoncés par le général Kornilov ?

La princesse, qui fut avec son mari une révolutionnaire d’avant la Révolution, m’exprime ses craintes sur la situation intérieure et extérieure. Et surtout elle me parle de son pays. Placée par la confiance de ses compatriotes à la tête du Comité géorgien, elle est en communication constante avec tout ce qu’il y a d’actif dans ce pays d’ancienne civilisation en qui la politique tsariste de russification à outrance n’a pas réussi à étouffer le patriotisme et l’amour de la liberté.

— Jamais la situation n’a été pire pour la Géorgie, me dit la princesse. La censure,