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LA RÉVOLUTION RUSSE

terribles vérités et ont jeté de si vibrants appels.

Pendant près d’une heure, aux applaudissements nourris de l’assistance, Zinoviev tonne contre le capitalisme, le militarisme, l’impérialisme… des Alliés. Ce sont toujours les mêmes sophismes, cent fois entendus et habilement mêlés à quelques vérités fondamentales destinées à les faire accepter. Seuls les Allemands sortent blancs comme neige de ce terrible réquisitoire.

— Comment pouvez-vous applaudir ce faux pacifiste ? ai-je demandé à un officier assis près de moi.

— Parce qu’il parle bien, mais on retient de son discours ce que l’on veut !

Et ils le croient ! Ils s’illusionnent assez pour se croire capables d’échapper à ces pernicieuses influences, eux si faibles au fond, si malléables, nés pour devenir la proie du premier homme qui se sentirait de taille à leur imposer sa volonté !…

Brisée d’émotions je n’ai pas le courage de rentrer chez moi. Je monte chez une amie, la princesse Guévolanié, — veuve du député géorgien mort récemment sur le front du