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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

mots que j’ai prononcés, il a reconnu ma nationalité.

— Vous êtes Française, madame ? Eh bien ! vous pouvez dire en France que nous sommes rudement malheureux… Notre ministre de la Guerre ! Comprenez-vous ? Ils l’ont obligé à partir. C’est du propre ! Dieu sait où nous allons !… Douraki ! Douraki ! Douraki ! (Imbéciles)… Et voilà les Léninistes à présent.

Le partisan et ami de Lénine, Zinoviev, qui a traversé l’Allemagne avec lui, dans le fameux wagon plombé, vient d’entrer au Palais de Tauride. Il doit y prendre la parole au lieu et place de son chef de file, retenu ailleurs. Je me hâte de regagner l’hémicycle, suivie par mon « poilu » qui fixe sur moi de pauvres bons yeux de chien battu et continue à porter sous le bras son énorme paquet de « proclamations ».

Goutchkov a quitté la salle, qui est encore tout émue de son départ. Visage rasé, cheveux noirs en boucles, un homme s’agite à la tribune, cette mémorable tribune de la Douma où les voix de Radzianko, de Milioukov, de Choulguine, de Kérensky ont fait entendre, du début de la guerre à la Révolution, de si