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LA RÉVOLUTION RUSSE

continuation de la guerre ? » Grande émotion qui, des abords de la Rouskia-Volya, se répand aussitôt dans la ville : « La France ne veut pas nous comprendre ! Elle en est encore à cette crainte de paix séparée dont nous n’avons jamais eu l’idée. Ce n’est pas la cessation de la guerre que l’on discute à Pétrograd : c’est la possibilité d’une paix juste et équitable pour tous, faute de quoi nous continuerons la guerre. Comment les journaux français sont-ils si mal renseignés ou si peu compréhensifs ? » Tels sont les propos que l’on entend jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Le lendemain, je me rends au Congrès des officiers et soldats du front, qui siège au Palais de Tauride, dans la salle des séances de la Douma.

Comme le palais s’est démocratisé ! Quelle ne serait pas la surprise de son ancien possesseur, le prince Potemkine, favori de Catherine II, s’il y revenait ! Les tableaux qui ornaient le grand vestibule, le portrait du tsar, bref tout ce qui rappelait l’ancien régime a disparu. Sous la rotonde, où trône encore le buste du prince, sont placées des tables, d’apparence très démocratique. Derrière, un