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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

on se promène au milieu des réserves de l’arrière : « Entrez, messieurs, vous êtes chez vous ! » On échange de l’eau-de-vie contre du pain, de la viande ou du savon. L’Allemand ou l’Autrichien arrive, pourvu de petits couteaux, de chaînes de montre, toute une bimbeloterie semblable à celle dont nos explorateurs se servent pour s’attirer l’amour et la confiance des peuplades nègres du Centre africain ! Mais, tout en offrant ses petits cadeaux, le bon Teuton jette autour de lui des regards attentifs.

« Pendant que les régiments russes fraternisent sur le front avec les Allemands, écrit un artilleur à un journal de Pétrograd, ceux-ci s’avancent jusqu’à 25 et 30 verstes en arrière, relèvent les plans de nos fortifications et l’emplacement, de notre artillerie. Au cours d’une bataille récente, toutes les batteries du secteur, si bien dissimulées que les avions allemands n’avaient jamais réussi à les repérer, ont été atteintes par les canons ennemis. Tel est le résultat de ces hypocrites embrassades. »

— En effet, raconte un soldat de Galicie, sur notre front on fraternise. Le soir, nous