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LA RÉVOLUTION RUSSE

— Peuh ! dit-il, n’exagérez pas mon mérite… ni le vôtre !

Puis, tandis qu’il m’emmène, très vite, il raconte :

— Ce sont ceux de Poutilov, de Lessner et de Troubatchni qui ont fait le coup. Lorsque je vous ai quittée, j’étais comme fou ; j’y voyais rouge ; j’aurais voulu tuer ces brutes…, et j’étais sans armes. Revenu à mon point de départ, j’ai essuyé une seconde salve, et tout à coup je vois ceci : un soldat, revolver au poing, s’élance sous le feu vers les plus proches assaillants et crie : « Vous êtes des brutes, des brutes ! On ne tire pas sur une foule sans armes ! » Autant que j’ai pu en juger, il en a blessé deux et en a fait reculer un grand nombre. On l’a entouré et décoré sur place de la croix de Saint-Georges. Alors j’ai ramassé un malheureux soldat mort, et je suis venu vous rejoindre.

Et, comme nous arrivons devant ma porte :

— Ne sortez pas, madame, je reviendrai ou je vous téléphonerai selon les événements. Ça va chauffer, tout à l’heure…

En vain j’insiste pour le retenir :

— Non, non ma place est là-bas. Je suis