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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

d’hommes, de femmes et d’enfants. On entend :

— Tirer sur une foule paisible et sans armes ! Quel crime !…

En effet, depuis les perquisitions de la Grande Semaine, rares sont ceux qui possèdent encore un revolver.

Une petite fille que la foule bousculante a séparée de sa mère pleure dans un coin.

Deux, trois salves encore, puis le silence… Silence gros d’inquiétude… La porte se rouvre : on apporte les blessés et les morts. M. Michel est parmi les porteurs. Il tient à pleins bras le corps abandonné d’un soldat. Les cheveux grisonnent sur les tempes, les bras pendent lamentablement… Un peu de sang macule la joue… Cinq, six, puis sept corps ont été apportés ainsi… Est-ce le bilan de la journée ? Y a-t-il ailleurs d’autres victimes ?

— Rentrez chez vous, madame, exige M. Michel. La Garde rouge est encore là et l’on dit qu’un régiment accourt à sa rencontre. Dieu sait ce qui va se passer ici ce soir !

— Savez-vous, lui dis-je, que vous venez peut-être de me sauver la vie ?…

Michel hausse les épaules et :