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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

lorsque le silence s’est fait sur les balcons, la foule s attarde, allégée et murmurante, heureuse de prolonger en elle le sentiment des heures inoubliables qu’elle a vécues.


22 avril/4 mai. — Malgré la rectification à la note du 20 avril, publiée par le ministre des Affaires étrangères et transmise aux gouvernements alliés, les ouvriers restent dans un grand état d’effervescence. Les usines de la Baltique, les quartiers populeux de Pétrogradskaïa-Stérana et de Viborg fermentent comme aux premières heures de la révolution.

Les « camarades » se montrent mécontents non seulement du gouvernement provisoire, dont ils traitent les membres de « droitiers » et de « bourgeois, » mais même du Conseil, qu’ils ne trouvent pas assez disposé à les suivre dans leurs exagérations. Pourvus des fusils volés à l’Arsenal, reconnaissables à leur brassard à la couleur révolutionnaire, ils se sont constitués en Garde rouge, moins pour protéger la population que pour la terroriser. En vain le Conseil a décliné leurs offres d’assistance, et répondu que la milice suffisait au maintien de l’ordre dans la cité ; en vain leur