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LA RÉVOLUTION RUSSE

un drapeau modeste. À la hâte, sur létoffe rouge, on avait écrit : « Vive Milioukov ! Confiance au gouvernement provisoire ! » Par les allées du jardin qui s’arrondit devant Notre-Dame de Kazan, le porte-drapeau va se placer au sommet des escaliers qui occupent le centre de la colonnade berninienne[1].

Une foule de gens le suivent. Officiers, soldats, marchands qui ont fermé à la hâte leurs boutiques, ouvriers en rupture d’usine, bateliers de la Néva, étudiants et étudiantes, tout ce qui passe, circule, ondoie à toute heure du jour et presque de la nuit sur cette Newsky, frémissante et passionnée comme un être vivant.

L’obligatoire discours entendu, la foule se forme en cortège, arrêtée de temps à autre sur son parcours par un orateur juché sur une voiture de place ou qui a escaladé les marches d’un padiezde[2]… On traverse le canal de la Moïka, après s’être donné comme objectif le ministère des Affaires

  1. Notre-Dame de Kazan est une copie de Saint-Pierre de Rome dont la double colonnade est due au Bernin.
  2. Escalier extérieur, souvent protégé par une sorte de véranda.