Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

nement de drapeaux au-dessus de l’éclair luisant des baïonnettes. Ce sont les régiments de Finlande, de Pawlowsk, de Kexgolm et les marins du 2e  Équipage de la Baltique, sortis de leurs casernes sous l’impulsion d’un soldat arrivé d’Helsingfors, qui manifestent sous les fenêtres du palais où siège le Comité exécutif du gouvernement provisoire. Commencée par l’armée, la révolution se continue sous la menace des baïonnettes ! Cela est assez conforme aux traditions russes. De la révolte des Strélitz à celle des régiments qu’eut à dompter Nicolas 1er  au moment de son avènement, l’histoire de la Russie abonde en mouvements militaires.

Celui du 27 février n’est devenu une révolution que par l’ampleur que lui a donnée la guerre. Il ne peut en être autrement dans un pays qui, depuis Pierre le Grand, reposait sur une organisation militaire dont le tsar était le chef suprême. L’armée est pour ou contre ce chef. Si elle est pour lui, le peuple tremble et obéit ; si elle est contre lui, la foule suit l’armée, — ce qui est encore une forme d’obéissance. L’essai de révolution populaire de 1905 a été une illustration de cette loi.