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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

et fait connaître au monde les buts de la révolution russe. Nous ne voulons ni des Dardanelles, ni de Constantinople, et l’erreur de M. Milioukov a été de rester, notamment sur ce point, fidèle à la politique tsariste. Partisans de la politique ouverte, nous demandons que les contrats entre la Russie et ses Alliés soient rendus publics. Nous remplaçons le mot d’ordre impérialiste : « Jusqu’à la victoire complète » par la formule : « Jusqu’à la libération de tous les peuples », — sans en excepter l’Allemagne. La victoire que nous voulons, c’est celle des démocraties sur leurs oppresseurs. Nous ne la rechercherons par les armes qu’après avoir acquis la douloureuse certitude qu’elle ne peut être obtenue autrement. Cela non plus, M. Milioukov ne paraît pas l’avoir compris… Dans ce conflit, comme dans tous les autres, le dernier mot appartient au peuple !

Ce dernier mot, c’est en effet à la rue que je vais le demander. Elle présente l’aspect fiévreux des jours de grande lutte. Tout le peuple y est déjà descendu. Des attroupements se forment. À certains carrefours, l’engorgement est tel qu’il faut louvoyer pour