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LA RÉVOLUTION RUSSE

dos, la pique au poing. Au-dessus de la foule se détache l’aigrette noire des policiers à cheval. Les grévistes passent, sérieux et dignes, accompagnés de la police. Une multitude les suit en poussant des hourrahs.

Je quitte le tramway pour me mêler au peuple. Aucun désordre. On dirait un jour de fête. Nulle inquiétude sur les visages. Des réflexions se croisent, bienveillantes pour les ouvriers :

— Ils ont raison ! On cache la farine ! La vie est trop dure et pourtant la Russie a de tout !… On n’y peut plus tenir.

Hier une députation d’ouvriers de l’usine Poutilov s’est rendue chez Goutchkov, puis a eu une entrevue avec les députés du parti social-démocrate de la Douma. On y a décidé pour aujourd’hui la cessation du travail. Concurremment à celle de Newsky, de grandioses manifestations se déroulent sur la Perspective Samsoniewsky et le long du quai de Viborg. Les ouvrières des fabriques y prennent part. Un souffle révolutionnaire passe déjà sur la cité.

Je continue d’avancer.

Le pont Anitchkoff, l’entrée de toutes les