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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

tramway qui passe, pour me rendre à la Sadovaïa (rue des Jardins) où je trouverai des moyens directs de locomotion. Le tramway est plein. Tout a l’aspect des jours ordinaires. Seule, une foule un peu plus abondante, mais dont la douceur de la température explique et justifie la présence, va et vient le long des grandes artères. Rien ne peut faire prévoir que nous touchons à une révolution presque sans exemple dans les annales de l’humanité.

À la hauteur de Notre-Dame de Kasan, je vois une foule énorme et j’entends des cris. Dans le tramway tout le monde s’agite. On cherche à voir à travers les fenêtres dont un reste de gelée givre les vitres. Je demande :

— Que se passe-t-il ?

— Ce sont les ouvriers de l’usine Poutiloff qui se sont mis en grève et demandent du pain. Ils reviennent de manifester à la Douma.

Sous cette apparence de grève, la Révolution russe commençait.

Presque aussitôt on arrête les tramways ; des cavaliers galopent à droite et à gauche de la ligne ; les Cosaques accourent, le fusil au