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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

peuple enthousiaste s’en va, musique en tête, recevoir à la gare un Lénine qui s’intitula, au début de la guerre, « partisan de la défaite » et qui rentre en Russie après avoir obtenu du Kaiser la permission de traverser l’Allemagne, font tout craindre. Certes, le calme règne dans la capitale. En apparence, tout semble rentré dans l’ordre. Il n’est pas un discours dans lequel on n’affirme hautement la volonté de continuer la guerre. Les socialistes allemands ont répondu par une fin de non-recevoir à l’invite lancée par leurs « camarades » russes dans l’Appel à tous les peuples, de se débarrasser du Kaiser, comme eux-mêmes ont fait de leur tsar. Cette douche brutale a rabattu les illusions un peu naïves des internationalistes russes. Tout de même on peut noter d’inquiétants symptômes. Le ministre de la Guerre. M. Goutchkov, vient de déclarer que : seront considérés comme déserteurs tous les hommes qui n’auront pas regagné leur régiment le 15 avril. Cet ordre a eu surtout pour effet d’encourager les timides à se donner quelques jours de congé : « Nous reviendrons le 14 avril ! » disent-ils. Pendant ce temps, l’Allemagne, beaucoup moins per-