Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

ces chants qui évoquent les jours les plus sanglants de la vie révolutionnaire de la Russie ; les attentats, les révoltes, puis la répression cosaque, la chaîne des prisonniers qu’on dirige vers les prisons… Des drapeaux rouges flottent, frangés d’or, laissant lire entre leurs plis des inscriptions ultra-révolutionnaires : Zimlia i volia (La terre et la liberté), Da sdravstvoniett demokratitcheskaïa respoublika (Vive la République démocratique !) à côté d’autres, rappelant la grande lutte pour la libération des peuples : « La guerre jusqu’à la complète victoire sur Guillaume ! » Voici, sur une large banderole rouge portée par des ouvriers, le mot d’ordre internationaliste : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » suivi de l’hommage aux morts : « Mémoire éternelle à ceux qui sont tombés pour la liberté ! »

Mais ce qui est plus émouvant que tous les drapeaux, les inscriptions, les chants ou les marches funèbres, c’est le déroulement ininterrompu de cette foule recueillie sans mot d’ordre extérieur ; silencieuse par respect ; ordonnée sans la menace du gendarme, ayant conscience de sa propre dignité dans