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LA RÉVOLUTION RUSSE

— Non, en vérité, non ; mais ne savez-vous pas que c’est la révolution ?

— Oui, oui, je sais, c’est la révolution ; mais à quoi bon l’avoir faite, si c’est pour tomber demain sous la servitude allemande ?

Déjà, heureusement, un mouvement se dessine en faveur d’une reprise active de la guerre. Des soldats venus du front ont jeté le cri d’alarme : les provisions d’obus diminuent, l’élan héroïque des troupes menace de se ralentir… Et de toutes parts des manifestations militaires s’organisent : les soldats reprennent leurs promenades rythmées par les chants nationaux ; on passe des revues de troupes sur la grande place du Palais d’Hiver. Tout le long de la Perspective Newsky, les Cosaques ont défilé avec leurs drapeaux et leurs lances… Puis ce fut le tour des Écoles militaires : l’infanterie (École Vladimir et Paul), l’artillerie (École Michel et Constantin) traînant ses canons et ses caissons. D’éloquentes inscriptions en lettres d’or éclatent sur le rouge des oriflammes : Oroudi soldatam (Des canons pour les soldats). Et la Marseillaise enroule tout dans sa frémissante volute !