Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LA RÉVOLUTION RUSSE

souvent, Le meeting est agrémenté d’un concert. Tous les artistes se font un honneur de prêter leur concours à ces fêtes révolutionnaires. Aussi, sous le lourd manteau qui n’épargne ni les ruches ni les volants, les citoyennes ont fait un brin de toilette. On s’engouffre entre les globes électriques, on quitte les pelisses et les caoutchoucs, on ajuste son vêtement ou ses cheveux en passant et, de l’entrée au vestiaire, le pavé où tant de « galoches » boueuses ont traîné n’est plus qu’un bourbier affreux.

Une atmosphère ardente règne dans la salle, — l’atmosphère d’un camp les soirs de victoire !… Libre ! Libre ! on est libre !… De toutes parts résonne ce mot : Svobodia (liberté) ou cet autre : tavarishtch (camarade) ! J’avoue entendre ce dernier sans plaisir depuis l’odieuse profanation que les Allemands en ont faite. En Russie, il y a quelques semaines encore, on s’abordait avec une tendre appellation : bratt (frère) ou sistra (sœur). Combien cela était plus doux ! Le terme de « camarade, » plus socialiste, a remplacé l’ancien et c’est grand dommage.

Il n’est pas une de ces réunions où quel-