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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

devant. ; la révolution leur ayant donné tous les droits, ils en usent ! On ne voit plus qu’eux dans les trains ! Comment lutter d’agilité ou de force avec ces gaillards aux muscles puissants, capables de vous envoyer d’un coup de pouce rouler au milieu de la chaussée ? Parfois, cependant, ils mettent une certaine bonhomie à vous aider dans vos tentatives d’escalade. Vous tendez une main confiante, le tramway démarre et… vous restez, jusqu’au prochain arrêt, suspendu à une poigne aussi solide qu’un crampon de fer.

Dès cinq heures les premiers jours, à six heures maintenant, la circulation s’interrompt, les usines se ferment, les magasins mettent leurs volets. Ne faut-il pas que conducteurs, ouvriers, employés prennent part aux réunions du soir ?… Car la fête révolutionnaire a commencé. On a beau crier : « Et la guerre ! Et la reprise du travail ! » Nul n’écoute. « Un pied dans l’usine, un pied dans la rue, » telle est la devise.

La boutique ou le bureau fermés, on se précipite au dehors, à pied dans la boue du dégel. Il n’est pas de quartier qui n’ait ses salles de réunion et ses orateurs. Le plus