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LA RÉVOLUTION RUSSE

tion, nous laissons partir nos camarades et nous ne restons que deux, l’adjoint du commissaire et moi. Mon compagnon monte à l’appartement, tandis que je me tiens debout près de la porte d’entrée, avec un revolver de dame à la main, un vrai joujou nacré… Tout à coup, doucement, doucement, une tête passe dans l’entre-bâillement de la porte, je reconnais le général. La souris est prise ! Je braque mon revolver entre les deux yeux de l’homme. Il tressaille, s’arrête. J’étais décidé à tirer au moindre mouvement. Il n’en fit aucun, et se rendit. En plus ou moins de temps, c’est ainsi qu’ils se sont laissé prendre, tous. »

15/28 mars. — Les tramways recommencent à circuler. Mais heureux qui peut les prendre ! Non seulement ils sont bondés à l’intérieur au point qu’une fois entré on n’en peut plus sortir, mais les voyageurs, les militaires surtout, obstruent l’entrée et la sortie, pendent en grappes le long des appuis-main de cuivre, s’accrochent aux moindres saillies, se suspendent les uns aux autres comme de monstrueux essaims !… Jadis les soldats n’avaient accès que sur la plate-forme de