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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

quand je peux. Avant-hier, l’aide-commissaire me dit : « Ne vous en allez pas, il y a une affaire intéressante. Je vais faire un tour à Ja chancellerie. » Avez-vous vu notre commissariat ? Non ? C’est un ancien poste de police ; mais comme il est changé ! Au lieu de l’uniforme des gardavoïs, à la vérité assez élégant, mais qui gardait malgré tout un aspect servile très spécial aux yeux d’un Russe, voici maintenant l’uniforme noir et bleu à boutons d’or des étudiants, la tunique grise des militaires, le vêtement noir des civils. Plus de silences solennels, de conversations mystérieuses et à voix basse ; les gens ne se signent plus de peur en entrant. Ce lieu terrible, cet antre gardé par des cerbères avides de gâteaux de miel, mais qui les acceptaient sans en être apaisés, est devenu un asile accueillant. On aime à s’y attarder pour causer des affaires générales ou particulières, et la vieille icône paraît toute réjouie du babillage et de l’activité joyeuse de cette jeunesse.

« Le commissaire me fait appeler dans son cabinet : il venait de recevoir par téléphono-gramme l’ordre d’arrêter le général G… C’est un partisan de l’ancien régime, mais ses anté-