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LA RÉVOLUTION RUSSE

Tous ceux d’entre eux qui le peuvent, passent dans les cadres de la réserve et, sans la guerre, ils donneraient en masse leur démission. Au début de la Révolution, se montrer dans la rue constituait, pour un officier de terre ou de mer, un acte de courage : « Nous préférerions être tués par les balles allemandes ! » disaient-ils. Ce danger a disparu, mais un officier risque à chaque instant d’être blessé dans sa dignité d’homme ou de soldat.

La plus grande confusion règne dans les casernes : des mitrailleurs se sont trouvés, on ne sait comment, chez les fantassins ; des cavaliers de Krasnoïé-Sélo ont échoué dans une des milices, où ils vivent pêle-mêle avec les miliciens ; le 2e  mitrailleurs d’Oranienbaum a pris possession de l’École des Ingénieurs où il a fallu établir pour lui un poste de ravitaillement.

Les résultats désastreux et foudroyants de l’ordre n°1 ne tardèrent pas à épouvanter même le Conseil. Par le pricaz n°2, il rappela les soldats à l’ordre, à la tenue et à la discipline. Mais le mal était déjà profond. Après des jours de complète licence, de promenades et de flâneries désordonnées à travers la ville,