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PRÉLUDE

neur du Palais. En termes discrets, mais suffisamment, clairs, et en généralisant à dessein, cette femme d’une haute intelligence et d’un grand cœur me laissa deviner le terrible conflit qui se livrait dans son âme. Prévoyant les événements et attachée de par tout son passé à la personne des souverains, elle déplorait que « ceux qui sont placés sur les plus hautes cimes du pouvoir n’admissent pas la nécessité de marcher avec leur temps ».

Celle-là aussi, j’en suis sûre, a fait noblement entendre jusqu’à la dernière heure la voix de la vérité.

Quelques jours avant la Révolution, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch, marié à une sœur du Tsar, se rendit chez son beau-frère et lui exposa la situation sous les couleurs les plus sombres. Même le mot d’ « abdication » fut, parait-il, prononcé.

— Et mon devoir ? qu’en fais-tu ? aurait répondu l’Empereur.

Comme le grand-duc insistait, montrant la révolution imminente, l’Empereur prit sa tête à deux mains et pleura.

Larmes de Boabdil ! Manifestation éternelle