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LA RÉVOLUTION RUSSE

À plusieurs reprises, la situation a été très tendue entre le Gouvernement et le Conseil[1], leurs ordres étant parallèles et contradictoires. Grâce à une première intervention du député Kérensky, le Conseil consentit à renoncer à des querelles de partis, et A.-F. Kérensky entra au Ministère avec le portefeuille de la Justice. Malgré ses promesses et en maintes occasions, le Conseil a mis le ministère en échec et l’on peut prévoir le jour où il en provoquera la chute. Son rôle tend sans cesse à grandir, étant donné qu’il a aussi pour lui la formidable masse paysanne, à laquelle il a promis la terre, et dont le Congrès se réunira dans quelques semaines à Pétrograd.

Dès sa formation, le Conseil, par le pricaz n° 1, intima l’ordre aux soldats de terre et de mer de n’obéir à leurs officiers qu’à la condition que leurs ordres seraient en conformité avec les siens. Il supprima le tutoiement ; les

  1. Le « Conseil des Délégués ouvriers et soldats » est composé d’environ 2.000 membres, élus par les masses civiles et militaires sous la présidence de A. F. Kérensky et de Tchéidzé, député du Caucase. C’est une sorte de Conseil révolutionnaire dont les tendances rappellent celles du club des Jacobins dans la Révolution française.