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UNE SEMAINE D’OURAGAN RÉVOLUTIONNAIRE

« Presque au même moment, on introduit le soldat.

« — Te voilà ! brute ! triple brute ! crie l’officier.

« Et, saisissant la botte par la tige, il en soufflette l’homme à droite, à gauche, encore et encore, jusqu’à ce que, fatigué, il jette la botte dans un coin :

« — À présent, file !

« Le soldat ne se fait pas répéter le commandement ; mais il n’a pas plutôt fait demi-tour qu’il reçoit dans le bas de son dos un coup de pied si solidement appliqué qu’il l’envoie buter du nez contre la porte par laquelle il allait sortir.

« J’avais assisté, muet, à toute la scène.

« — Je vous demande pardon, mon cher, dit alors le jeune officier se tournant vers moi ; mais que faire avec ces brutes ? Ma correction lui épargne quelque chose de pis. »

— Peut-être, en effet, dis-je, si on avait demandé son avis au soldat, aurait-il choisi de lui-même la punition imaginée par son officier, plutôt que le jugement militaire encouru ; mais qu’est-ce que cela eût prouvé,