Page:Markovitch - La Révolution russe vue par une Française, 1918.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
LA RÉVOLUTION RUSSE

derniers effets d’un orage qui va s’apaisant.


8/21 mars. — Guiorgui, le matelot, est revenu tout triste de la caserne. Certains de ses « camarades » lui ont reproché d’être un « lécheur d’assiettes » parce que, malgré la suppression des « ordonnances », il continue à demeurer dans la famille de son lieutenant à laquelle il s’est attaché peu à peu. Lorsqu’il entra comme matelot au service du lieutenant de marine, S…, Guiorgui était un garçon pâle et délicat. On lui épargna les travaux pénibles, les courses par les grands froids ; sa santé se fortifia. Mais il lui en faudrait peu pour retomber à ses anciens malaises. Le régime de la caserne n’est pas pour lui convenir.

— Ne jugez pas du service des ordonnances et des matelots en Russie par ce que vous avez sous les yeux, me dit quelqu’un. Chez le lieutenant S… les subalternes sont traités « à la française » ; mais la façon dont se comportent avec eux la plupart des officiers, et surtout leurs femmes, n’explique que trop leur animosité et leur révolte. Du haut en bas de la hiérarchie, tout ce qui porte un uniforme