Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/578

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous nommez, il n’est plus temps. J’ai dit que j’avais de l’inclination pour un autre, et, là-dessus, vous allez voir ma sœur.

Dorante.

Ah ! madame, j’y vais malgré moi, vous le savez. M. le marquis veut que je le suive. Daignez me défendre de lui tenir parole, je vous le demande en grâce. J’ai besoin du plaisir de vous obéir, pour avoir la force de lui résister.

Angélique.

Je le veux bien, à condition pourtant qu’il ne saura pas que je vous le défends.

Dorante.

Non, madame ; je prends tout sur moi, et je pars ce soir.

Angélique.

Il ne faut pas que vous partiez non plus ; du moins je ne le voudrais pas ; car mon père m’imputerait votre départ.

Dorante.

Eh ! madame, épargnez-moi, de grâce, le désespoir d’être témoin de votre mariage avec le baron.

Angélique.

Eh bien ! je ne l’épouserai point, je vous le promets.

Dorante.

Vous me le promettez ?