traire. Dès que c’est Dorante qui le propose, ce ne peut être qu’un de ses amis, et par conséquent un homme très estimable, qui doit d’ailleurs avoir un rang, et que vous auriez pu épouser avec l’approbation de tout le monde. Cependant ce sont là de ces choses sur lesquelles il est juste que vous restiez la maîtresse.
Je sais vos bontés pour moi, mon père ; mais je ne croyais pas m’être éloignée de vos intentions.
Pour moi, monsieur, la répugnance de madame ne me surprend point. J’aurais assurément souhaité qu’elle ne l’eût point eue ; son refus me mortifie plus que je ne puis l’exprimer, mais j’avoue en même temps que je ne le blâme point. Née ce qu’elle est, c’est une noble fierté qui lui sied, et qui est à sa place ; aussi le mari que je proposais, et dont je sais les sentiments comme les miens, n’osait-il se flatter qu’on lui ferait grâce, et ne voyait que son amour et que son respect qui fussent dignes de madame.
La vérité est que je n’aurais pas cru avoir besoin d’excuse auprès de vous, mon père ; et je m’imaginais que vous aimeriez mieux me voir au baron, qu’il ne tient qu’à moi d’épouser s’il gagne son procès.
Il l’a gagné, ma fille ; le voilà en état de se marier, et vous serez contente.
Il l’a gagné, mon père ? Quoi ! sitôt ?