Scène III
Il me semblait de loin avoir vu Dorante avec toi.
Vous n’avez pas la barlue, madame, et il y a bian des nouvelles. C’est M. Dorante li-même, qui s’inquiète comment vous va le cœur, et si parsonne ne l’a prins ; c’est mon galant Lépaine qui demande après le mien. Est-ce que ça n’est pas biau ?
L’intérêt que Dorante prend à mon cœur ne m’est point nouveau ; tu sais les soupçons que j’avais là-dessus, et Dorante est aimable ; mais malheureusement il lui manque de la naissance, et je souhaiterais qu’il en eût ; j’ai même eu besoin quelquefois de me ressouvenir qu’il n’en a point.
Oh bian ! ce n’est pas la peine de vous ressouvenir de ça ; vous voilà exempte de mémoire.
Comment ! l’aurais-tu rebuté ? et renonce-t-il à moi, dans la peur d’être mal reçu ? Quel discours lui as-tu donc tenu ?
Aucun ; il n’a peur de rian ; il n’a que faire de renoncer ; il ne vous veut pas ; c’est seulement qu’il est le commis d’un autre.