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Lisette.

Oui, je comprends ; ce ne sera pas vous qui aurez eu les injures, ce sera l’autre ; et pis, quand alle saura que c’est vous…

Dorante.

Alors l’aveu de mon amour sera tout fait ; je lui aurai appris que je l’aime, et n’aurai point été personnellement rejeté ; de sorte qu’il ne tiendra encore qu’à elle de me traiter avec bonté.

Lisette.

Et de dire : C’est une autre histoire, je ne parlais pas de vous.

Lépine.

Et voilà précisément ce que j’ai tout d’un coup deviné, sans avoir eu l’esprit de le dire.

Lisette.

Ce tournant-là me plaît ; et même faut d’abord que je vous en procure des injures, à celle fin que ça vous profite après. Mais je la vois qui se promène sur la terrasse. Allez-vous-en, monsieur, pour me bailler le temps de la dépiter envars vous. (Dorante et Lépine s’en vont, Lisette les rappelle.) À propos, monsieur, faut itou que vous li touchiais une petite parole sur ce que Lépaine me recharche ; j’ai ma finesse à ça, que je vous conterai.

Dorante.

Oui-da !

Lépine.

Je te donne mes pleins pouvoirs.