C’est qu’en revanche des soins que madame Argante et toute sa maison ont eu de moi pendant ma maladie, j’ai songé à marier Angélique à quelqu’un de fort riche, qui va se présenter, qui ne veut précisément épouser qu’une fille de campagne, de famille honnête, et qui ne se soucie pas qu’elle ait du bien.
Morgué ! vous me faites là un vilain tour avec voute avisement, monsieur Lucidor ; v’là qui m’est bian rude, bian chagrinant et bian traître. Jarnigué ! soyons bons, je l’approuve, mais ne foulons parsonne ; je sis voute prochain autant qu’un autre, et ne faut pas peser sur sti-ci, pour alléger sti-là. Moi qui avais tant de peur que vous ne mouriez ; c’était bian la peine de venir vingt fois demander : « Comment va-t-il, comment ne va-t-il pas ? » V’là-t-il pas une santé qui m’est bian chanceuse, après vous avoir mené moi-même sti-là qui vous a tiré deux fois du sang, et qui est mon cousin, afin que vous le sachiez, mon propre cousin germain ! Ma mère était sa tante ; et jarni ! ce n’est pas bian fait à vous.
Votre parenté avec lui n’ajoute rien à l’obligation que je vous ai.
Sans compter que c’est cinq bonnes mille livres que vous m’ôtez comme un sou, et que la petite aura en mariage.
Calmez-vous ; est-ce cela que vous en espérez ? Eh bien ! je vous en donne douze pour en épouser