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Dorante.

Oui, monsieur ; elle doit y venir ; mais je ne la verrai que pour lui apprendre l’impossibilité où je suis de la revoir davantage.

Ergaste.

Point du tout, allez votre chemin. Ma façon d’aimer est plus tranquille que la vôtre ; j’en suis plus le maître, et je me sens touché de ce que vous me dites.

Dorante.

Quoi ! vous me laissez la liberté de poursuivre ?

Ergaste.

Liberté tout entière. Continuez, vous dis-je ; faites comme si vous ne m’aviez pas vu, et ne dites ici à personne qui je suis ; je vous le défends bien. Voici Angélique ; elle ne m’aperçoit pas encore ; je vais lui dire un mot en passant, ne vous alarmez point.



Scène V

DORANTE, ERGASTE, ANGÉLIQUE, apercevant Ergaste, veut se retirer.
Ergaste.

Ce n’est pas la peine de vous retirer, madame ; je suis instruit, je sais que monsieur vous aime, qu’il n’est qu’un cadet. Lubin m’a tout dit, et mon parti est pris. Adieu, madame.

(Il sort.)