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Scène III

FRONTIN, LISETTE
Lisette.

Demandez-moi pourquoi ce faquin-là me regarde tant !

Frontin chante

La la ra la ra.

Lisette.

La la ra la ra.

Frontin.

Oui-da ! il y a de la voix, mais point de méthode.

Lisette.

Va-t’en ; qu’est-ce que tu fais ici ?

Frontin.

J’étudie tes sentiments sur mon compte.

Lisette.

Je pense que tu n’es qu’un sot ; voilà tes études faites. Adieu.

(Elle veut s’en aller.)
Frontin l’arrête

Attends, attends, j’ai à te parler sur nos affaires. Tu m’as la mine d’avoir le goût fin ; j’ai peur de te plaire, et nous voici dans un cas qui ne le veut point.

Lisette.

Toi, me plaire ! Il faut donc que tu n’aies jamais rencontré ta grimace nulle part, puisque tu le crains ! Allons, parle, voyons ce que tu as à me dire ; hâte-toi, sinon je t’apprendrai ce que valent mes yeux, moi.