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Frontin dit qu’il est arrivé dans le temps que Dorante se fâchait, s’emportait contre lui en faveur de madame.

La Marquise.

Il s’emportait, dis-tu ? toujours en présence d’Araminte ?

Lisette.

Oui, madame ; sur quoi Frontin dit donc que vous êtes arrivé, monsieur ; que vous avez demandé à Dorante de quoi il se plaignait, et que, l’ayant su, vous avez extrêmement loué son avis, je dis l’avis de Frontin ; que vous y avez applaudi, et déclaré que Dorante était un flatteur ou n’y voyait goutte. Voilà ce que cet effronté publie, et j’ai cru qu’il était à propos de vous informer d’un discours qui ne vous ferait pas honneur, et qui ne convient ni à vous ni à madame.

La Marquise, riant.

Le rapport de Frontin est-il exact, monsieur ?

Ergaste.

C’est un sot, il en a dit beaucoup trop : il est faux que je l’aie applaudi ou loué ; mais comme il ne s’agissait que de la beauté, qu’on ne saurait contester à Araminte, je me suis contenté de dire froidement que je ne voyais pas qu’il eût tort.

La Marquise, d’un air critique et sérieux.

Il est vrai que ce n’est pas là applaudir ; ce n’est que confirmer, qu’appuyer la chose.

Ergaste.

Sans doute.

La Marquise.

Toujours devant Araminte ?