Scène première
La démarche que vous allez faire auprès du marquis m’alarme.
Je ne risque rien, vous dis-je. Raisonnons. Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge, il est vrai, de m’épouser, ou de m’en donner deux cent mille ; cela est à son choix ; mais le marquis ne sent rien pour moi. Je suis sûre qu’il a de l’inclination pour la comtesse ; d’ailleurs, il est déjà assez riche par lui-même ; voilà encore une succession de six cent mille francs qui lui vient, à laquelle il ne s’attendait pas ; et vous croyez que, plutôt que d’en distraire deux cent mille, il aimera mieux m’épouser, moi qui lui suis indifférente, pendant qu’il a de l’amour pour la comtesse, qui peut-être ne le hait pas, et qui a plus de bien que moi ? Il n’y a pas d’apparence.
Mais à quoi jugez-vous que la comtesse ne le hait pas ?
À mille petites remarques que je fais tous les jours ; et je n’en suis pas surprise. Du caractère