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Le Comte lit.

« J’étais absent ; il l’a laissée à une fille de la maison. »

Madame Argante, à Marton.

Fille de la maison ; cela vous regarde.

Le Comte lit.

« On a soupçonné que ce portrait m’appartenait. Ainsi, je pense qu’on va tout découvrir, et qu’avec le chagrin d’être renvoyé et de perdre le plaisir de voir tous les jours celle que j’adore… »

Madame Argante.

Que j’adore ! ah ! que j’adore !

Le Comte lit.

« J’aurai encore celui d’être méprisé d’elle. »

Madame Argante.

Je crois qu’il n’a pas mal deviné celui-là, ma fille.

Le Comte lit.

« Non pas à cause de la médiocrité de ma fortune, sorte de mépris dont je n’oserais la croire capable… »

Madame Argante.

Eh ! pourquoi non ?

Le Comte lit.

« Mais seulement du peu que je vaux auprès d’elle, tout honoré que je suis de l’estime de tant d’honnêtes gens. »

Madame Argante.

Et en vertu de quoi l’estiment-ils tant ?