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Scène VIII

ARAMINTE, MADAME ARGANTE, MONSIEUR REMY, LE COMTE, DORANTE, MARTON.
Marton, froidement.

Ne vous pressez pas de le renvoyer, madame. Voilà une lettre de recommandation pour lui, et c’est M. Dorante qui l’a écrite.

Araminte.

Comment !

Marton, donnant la lettre au Comte.

Un instant, madame ; cela mérite d’être écouté. La lettre est de monsieur, vous dis-je.

Le Comte lit haut.

« Je vous conjure, mon cher ami, d’être demain sur les neuf heures du matin chez vous. J’ai bien des choses à vous dire ; je crois que je vais sortir de chez la dame que vous savez ; elle ne peut plus ignorer la malheureuse passion que j’ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais. »

Madame Argante.

De la passion ! Entendez-vous, ma fille ?

Le Comte lit.

« Un misérable ouvrier, que je n’attendais pas, est venu ici pour m’apporter la boîte de ce portrait que j’ai fait d’elle. »

Madame Argante.

C’est-à-dire que le personnage sait peindre.