Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faisait la moindre impression. Ce serait une enfance à moi que de le renvoyer sur un pareil soupçon. Est-ce qu’on ne peut me voir sans m’aimer ? Je n’y saurais que faire ; il faut bien m’y accoutumer et prendre mon parti là-dessus. Vous lui trouvez l’air galant, dites-vous ? Je n’y avais pas pris garde, et je ne lui en ferai point un reproche. Il y aurait de la bizarrerie à se fâcher de ce qu’il est bien fait. Je suis d’ailleurs comme tout le monde ; j’aime assez les gens de bonne mine.



Scène VII

ARAMINTE, MADAME ARGANTE, MONSIEUR REMY, LE COMTE, DORANTE.
Dorante.

Je vous demande pardon, madame, si je vous interromps. J’ai lieu de présumer que mes services ne vous sont plus agréables ; et, dans la conjoncture présente, il est naturel que je sache mon sort.

Madame Argante, ironiquement.

Son sort ! Le sort d’un intendant ; que cela est beau !

Monsieur Remy.

Et pourquoi n’aurait-il pas un sort ?

Araminte, d’un air vif à sa mère.

Voilà des emportements qui m’appartiennent. (À Dorante.) Quelle est cette conjoncture, monsieur, et le motif de votre inquiétude ?